
Premiers espaces
Auteur(s) Marie Roumégas (A01)
Editeur(s) UNES
Rayon(s) Poésie, LITTÉRATURE GÉNÉRALE
Ean :
9782877043014
Date de parution :
06/06/2025
Résumé : L’île est imprécise, elle n’a pas de nom. Certains échos de voix nous portent en Crète, des odeurs de châtaigne nous font flotter en Corse. Ce qui est précis, c’est le soleil, la terre rouge et jaune, la force du vent, les maisons peintes à la chaux. Ce qui est précis, c’est le langage, dans cette suite de tableaux lents, écrasés par la chaleur d’été. Une femme aux cheveux gris prépare un veau aux olives dans sa maison sombre qui est « avant tout une cuisine », un homme pêche et déjeune d’une dorade sur sa barque, des cigales pondent leurs œufs au pied des arbres, des bougainvilliers envahissent les rues calmes, on décharge les carcasses des bœufs des navires de ravitaillement, on regarde passer les troupeaux de brebis, une femme invente des formes dans le marc du café… Ce qui est précis, c’est l’ouverture du regard de Marie Roumégas dans ce premier livre. Jamais elle n’impose son regard au monde, elle le laisse venir à elle, et en retranscrit cette dureté si particulière des lieux insulaires, au fil de poèmes en prose ramassés comme du bois flotté sur la plage, comme des objets rendus par la mer, façonnés par les vagues et le courant – par des forces plus fortes et plus profondes que soi. Dans cette exhalaison puissante des paysages méditerranéens – pins, vignes, myrte, oliviers – le soleil observe tout, s’infiltre partout, entre les lames des volets, sur la crête des vagues, sur les cous rougis des hommes. Les surfaces, les rochers, fruits, troncs, peaux, tout est tactile, tout s’altère, se creuse, se fendille et tombe sous le soleil, tout s’écaille dans le temps. Par une forme d’isolement radical, cette terre dont on ressent pleinement la texture, la transparence et le poids, invente sa propre mythologie, sa propre histoire et nous ne sommes pas surpris au milieu de cette permanence, dans cette sécheresse du réel de voir surgir un drôle d’animal imaginaire, la jabrelle, et de la prendre en affection. Ce qui est précis, ce qui est si juste dans ce livre qui nous offre « ce que l’île a à offrir », c’est la réalité de ce monde simple, d’une intensité évidente. À condition de ne pas s’écarter de la côte, d’exécuter les bons gestes, des gestes qui semblent immémoriaux dans le tamis de cette jeune écriture qui nous fait passer par les portes toujours ouvertes d’un monde à la fois familier et soudainement révélé. Jusqu’à la bascule des saisons et le monde soudain comme réduit à l’intérieur d’une petite maison et son jardin d’hiver, où la simplicité des jours passés ensemble dans le temps bref des vacances raconte par en-dessous toute la tendresse silencieuse entre une grand-mère et ses petits-enfants. Un territoire étroit, visible, à portée de main, où l’amour se diffuse dans le silence.
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